Liaison équipotentielle : le guide complet pour sécuriser (et certifier) votre installation
Résumé en 30 secondes : la liaison équipotentielle met tous les éléments métalliques accessibles au même potentiel et les relie à la terre. Résultat : moins de risques de choc électrique, déclenchement efficace des différentiels et conformité à la NF C 15-100, notamment dans les pièces d’eau et autour des piscines.
Qu’est-ce que la liaison équipotentielle ?
La liaison équipotentielle est une liaison conductrice qui égalise les potentiels entre les masses métalliques d’un bâtiment (canalisations d’eau, radiateurs, châssis, gaines, structures) et la terre. Elle évite qu’une différence de potentiel ne provoque un choc lorsqu’une personne touche deux éléments en même temps. Pour être efficace, le conducteur doit être continu, bien fixé, protégé mécaniquement et accessible aux vérifications. Les connexions s’effectuent sur des borniers d’équipotentialité ou barres dédiées, avec des liaisons fiables et durables (anticorrosion).
Liaison équipotentielle principale vs locale : les bonnes pratiques
Liaison équipotentielle principale (LEP)
Réalisée à l’entrée de l’installation (tableau ou borne principale), la LEP relie entre eux les conducteurs de protection, la prise de terre et les éléments métalliques entrants (eau, gaz, chauffage, structures). Son rôle : unifier le potentiel de tout le bâtiment pour limiter les différences de tension globales.
Liaisons équipotentielles locales (LES)
Implantées au plus près du risque (salle de bains, douche, kitchenette, piscine, locaux techniques), les LES protègent l’usager au point de contact en reliant tous les éléments conducteurs accessibles (ex. baignoire métallique, canalisations, huisseries métalliques, armatures). Elles sont souvent plus courtes que la LEP, mais doivent rester robustes, repérables et vérifiables.
Normes et obligations (NF C 15-100)
En France, la NF C 15-100 encadre la conception, l’implantation et la vérification des liaisons équipotentielles. Elle précise les zones obligatoires (notamment pièces d’eau et piscines), la continuité, les méthodes de raccordement et les contrôles à réception (continuité, résistance de terre, déclenchement des différentiels). Conservez les relevés de mesure et documents de conformité : ils font foi en cas de contrôle, sinistre ou vente.
Quels risques évite-t-on ?
- Électrocution par différence de potentiel entre deux masses accessibles.
- Défauts d’isolement non détectés : la liaison favorise le déclenchement rapide des disjoncteurs/interrupteurs différentiels.
- Corrosion galvanique liée à des courants de fuite et perturbations électromagnétiques sur appareils sensibles.
- Incendies dus à des connexions défaillantes ou des conducteurs sous-dimensionnés.
Mettre en œuvre une liaison équipotentielle : matériaux & sections
Choix du conducteur
Le cuivre est la référence (conductivité, tenue mécanique, durabilité). En milieu humide ou extérieur, préférez du cuivre étamé. L’aluminium n’est envisageable qu’avec accessoires compatibles (bornes/traitements anti-oxydation).
Repères de sections usuels (à adapter selon le contexte et la norme) :
6 mm² pour de nombreuses liaisons locales, 16 mm² à 25 mm² pour des liaisons principales ou environnements exposés. Vérifiez toujours l’adéquation avec la section du conducteur de protection et le calibre des protections.
Accessoires & compatibilités
- Barre/borne d’équipotentialité certifiée (NF/CE), colliers adaptés au diamètre des tuyaux.
- Matériaux compatibles (bronze, inox, cuivre plaqué) pour limiter la corrosion galvanique.
- Protection mécanique (gaine thermorétractable, moulure, conduits) et repérage vert/jaune aux extrémités.
Étapes clés d’installation
- Repérage : cartographier toutes les masses métalliques à relier (eau, gaz, radiateurs, structures).
- Préparation : conducteurs à la bonne section, accessoires certifiés, outils de sertissage/contrôle.
- Pose : cheminements courts et protégés, sertissages ou visserie freinée sur surfaces métalliques décapées.
- Raccordement : vers la barre principale (ou de distribution dédiée) et repérage clair.
- Contrôles : inspection visuelle, test de continuité, mesure de résistance de terre, consignation des résultats.
Erreurs courantes à éviter
- Sous-dimensionner le conducteur (risque d’échauffement et de perte d’efficacité).
- Connexions mal serrées/amovibles : desserrage dans le temps, surtout en environnement vibratoire.
- S’appuyer sur des surfaces peintes ou non conductrices : toujours créer une zone de contact métallique propre.
- Confondre mise à la terre et liaison équipotentielle : elles sont complémentaires.
Cas spécifiques : piscine, salle de bains, rénovation
Piscine
Mettre au même potentiel toutes les masses accessibles (margelles, éléments immergés/proches de l’eau, filtration, échelles, armatures) avec des conducteurs robustes et protégés chimiquement (environnement chloré).
Salle de bains
La LES autour des baignoires/douches relie canalisations, éléments métalliques et, le cas échéant, armatures. Utiliser des bornes IP adaptées, positionnées hors des zones d’éclaboussures et assurer la continuité.
Rénovation
Identifier l’existant (liaisons interrompues lors d’anciens travaux), vérifier la continuité, compléter les liaisons manquantes, documenter (plans/photos) et prévoir des accès d’inspection.
Contrôles, maintenance et traçabilité
Vérifications indispensables
- Visuel : propreté des contacts, absence de peinture/oxydation, repérage lisible, serrages conformes.
- Mesures : continuité entre masses, résistance de terre avec appareil adapté, essais de déclenchement des différentiels.
- Traçabilité : dates, valeurs, opérateur, matériel utilisé, archivage des comptes-rendus.
Quand faire appel à un professionnel ?
Dès qu’il s’agit de dimensionner les sections, de modifier la prise de terre, d’intervenir sur des canalisations ou des structures, ou pour préparer un dossier Consuel. Un électricien qualifié garantit conformité, mesures calibrées et pérennité (protection mécanique, anticorrosion, raccords adaptés).
Allier sécurité et esthétique
Intégrez la liaison dans la conception : gaines techniques, faux-plafonds, plénums, moulures peintes, accessoires “design” ou peinturables. Conservez des points d’accès pour les contrôles et des repères sur plans pour faciliter la maintenance.
Checklist avant réception
- Présence d’une LEP correctement repérée (plans + photos).
- LES vérifiées dans toutes les zones humides et équipements spécifiques (chauffe-eau, chaudière, piscine).
- Sections de conducteurs conformes, accessoires certifiés, compatibilités matériaux.
- Qualité des connexions : surfaces décapées, sertissage/serrage contrôlé, protections anticorrosion.
- Mesures archivées : continuité, résistance de terre, essais de différentiels.
- Repérage sur plans, accès maintenance prévus, harmonisation esthétique.
- Rapports/certificats de conformité et garantie communiqués.
FAQ – Liaison équipotentielle
La liaison équipotentielle est-elle obligatoire en salle de bains ?
Oui, une liaison équipotentielle locale (LES) est requise dans les pièces d’eau (douche/baignoire) pour sécuriser les zones de contact.
Quelle section pour la liaison équipotentielle principale (LEP) ?
À titre indicatif, dans les logements, la LEP en cuivre est généralement ≥ 6 mm² et peut aller jusqu’à 25 mm² selon le contexte. Référez-vous à la NF C 15-100 et au dimensionnement par rapport au conducteur de protection.
Différence entre mise à la terre et liaison équipotentielle ?
La mise à la terre évacue le courant de défaut vers le sol ; la liaison équipotentielle met au même potentiel les masses accessibles. Elles sont complémentaires pour supprimer le risque de choc.
Faut-il des contrôles après travaux ?
Oui : inspection visuelle, continuité, résistance de terre et essais des différentiels. Les résultats doivent être archivés et remis au propriétaire.
Besoin d’un avis pro ? Faites valider votre projet par un électricien qualifié pour garantir la conformité et préparer sereinement vos démarches de réception.
